Pour toi maman


90 années accomplies et encore toutes débordantes
d'énergie et de vivacité ..., même des projets pour
rajeunir tes genoux usés par le travail, tu est une
personne extraordinaire, un personnage, quoi!

Quand je regarde aussi loin derrière moi que je peux
me souvenir, je vois la fierté de la réussite et le
plaisirs constant du travail valorisant qui est le propre
de ta personnalité dont le leadership est encore bien
évident aujourd'hui.

Ce n'est pas un hasard que les anciens clients de tes
commerces s'informent encore de toi et prennent
plaisir à rappeler que tu fais partie de leurs souvenirs
de jeunesse. Qu'ils se nomment Réjean Houle ou
Bobby Peruta, Chartier, Chevrier ou Brunet, Gonthier
ou Sauvé, Janhevich ou Arko, Paradis ou Arsenault,
personne n'est indifférent.

Beaucoup de chemin parcouru depuis ta naissance à
la ferme où il n'y avait électricité ni eau courante,
pour ensuite suivre les traces de Frank en pays du
nord et mettre en valeur tes talents naturels tout en
voyant l'arrivée à grande échelle de l'électricité, de la
radio, de l'avion, de la télévision jusqu'à l'homme sur
la lune et aujourd'hui l'ordinateur pour ne nommer
que quelques étapes particulièrement marquantes.

De l'époque de Macamic, dans les années 40,
quelques souvenirs me reviennent: l'activité du
restaurant, le salon de barbier, les tables de billards,
dans le coin la table des joueurs de cartes, le
cordonnier unijambiste Caron, mon oncle Israël,
l'anneau de patinage à roulettes, la construction
du théâtre ...

Et surtout un souvenir bien précis et précieux, une
faveur immense, celle de m'avoir permis de
pénétrer dans le théâtre par la petite porte une
soirée pour assister au spectacle de Ti-Gus, Ti-
Mousse et leur troupe. Je n'avais pas les yeux assez
grands et je me fesais tout petit parce que je pensais
que les comédiens étaient sérieux quand ils se
fâchaient et se pourchassaient dans la salle pendant
le spectacle.

Un autre souvenir bien imprégné de cette époque, un
retour d'un voyage où vous m'aviez rapporté une
pelle à vapeur en métal, une vraie avec une petite
porte et une chéminée où j'aurais pu faire chauffer
du papier ou des brindilles pour faire de la fumée.

Puis 1950 et le déménagement à Noranda et la
naissance de Daniel. L'oisivité n'a pas été bien
longue, ouverture du premier dépanneur licencié
sur la 3e Avenue, le développement de l'esprit de
compétition ... puis le grand saut à Rouyn,
"Au bon Marché"

A compter de cette époque mes souvenirs sont plus
saisonniers, vacances de Noël et d'été seulement,
collège oblige.

Assez cependant pour te voir reprendre le flambeau
après l'échec et entreprendre le défi du Windsor
avec fierté, en faire une affaire familiale où chacun
s'identifiait à l'entreprise et fesait et fesait sa petite
part pour son succès.

Je me souviens que l'arrivée des Fêtes ou des congés
nous réjouissait, non pas parce que nous serions en
congé mais parce que nous aurions un surcroît de
travail, le tout accompagné de l'affluence des clients
qui faisaient un peu partie de la famille, qu'ils soient
policiers, vicaires, mineurs ou autres habitués.

Et vers la fin de l'été, la récompense suprême, le
voyage en Ontario ou aux États avec toi et Yves.
J'étais le chauffeur attitré à tel point que je me
souviens d'un soir où nous arrivions sur le tard et
bien fatigués à Buffalo NY. Nous ne réussissons à
nous loger pour la nuit que dans un vieil hotêl avec
grosses cordes aux fenêtres, dans un quartier
populaire et où j'ai eu droit au seul lit parce que
j'étais le chauffeur tandis que tu couchais par terre.

Déja à cette époque tu pouvais commencer à
animer la conversation à partir de Rouyn jusqu'à
l'arrivée à destination, quelle que soit la distance.

Quelques souvenirs pêle-mêle ... le jour où j'ai été
le plus riche mais pas pour longtemps :j'avais
découvert une liasse de billets de banque bien
dissimulée dans une poche de mon blazer dans un
garde-robe ... un party de famille des Raymond au
chalet du lac Boischatel animé par la musique d'un
tourne-disque à manivelle ... les petites heures du
matin où tu tentais de suivre une émission de télé
de Timmins à l'aide d'oreilles de lapin "boostées" à
la laine d'acier ... ta disponibilité pour venir nous
prêter main-forte en Gaspésie lors de la naissance
d'Éric ... un ans plus tard à l'automne 1967 nouveau
voyage en Gaspésie pour garder les enfants et nous
permettre d'aller passer quelques jours à Expo 67.

Ta mémoire phénoménales des voyages et endroits
visités ... le grand plaisir que tu nous a fait en venant
passer une semaine en Guadeloupe ...

Bref, un livre de vie bien rempli et auquel assurément
il reste encore plusieurs pages à noircir.

BON ANNIVERSAIRE, Maman


RAYMOND